Ça marche comment l’école en Haïti ?

Bientôt la rentrée scolaire 2014-2015 en France… voilà l’occasion de vous faire découvrir la réalité du système éducatif là-bas en Haïti !

Le système éducatif haïtien s’organise en quatre grands niveaux : l’éducation préscolaire (destinée aux enfants de 3 à 5 ans et non obligatoire), l’enseignement fondamental (l’équivalent de notre école primaire + le collège, soit 9 années), l’enseignement secondaire (moins de 30% des élèves du cycle fondamental passent à ce niveau) et l’enseignement supérieur.
Dans le cycle fondamental, le nombre d’élèves par classe est souvent très élevé : il n’est pas rare d’avoir plus de 40 élèves dans une classe. Les cours sont bien souvent organisés comme des cours magistraux même avec les plus petits. Les objectifs des programmes du gouvernement étant peu précis, il existe beaucoup de manuels différents d’une école à l’autre et, bien souvent, il n’y a pas de matériel pédagogique. La formation des maîtres demeure l’une des grandes problématiques en Haïti : on estime que 85% des enseignants du fondamental n’ont pas reçu de formation pédagogique appropriée à l’exercice de leur profession.

Des inégalités en termes de moyens et fréquentation

80 % des écoles en Haïti sont des écoles privées mais ce secteur est très hétérogène : certains établissements sont à but lucratif dont des écoles « haut de gamme » très minoritaires, d’autres sont mises en place par des associations/organisations locales (c’est le cas de l’école Demontreuil construite et suivie par l’association Timoun d’Haïti près de Jacmel), d’autres sont gérées par des congrégations religieuses. S’il n’y a pas de différence significative entre le taux de scolarisation des filles et garçons à l’entrée dans l’école primaire, la déperdition s’accentue au fil des années à la défaveur des filles, moins nombreuses au niveau du baccalauréat..

L’école gratuite ? Pas tout à fait !

Avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, seulement 50 % des enfants haïtiens en âge d’aller à l’école primaire étaient scolarisés, dont la grande majorité dans le secteur privé. Durant les dernières élections présidentielles, « Lekòl gratis » ou « l’école gratuite » pour la tranche d’âge 6-12 ans a été un des leitmotivs du chanteur-candidat Joseph Michel Martelly, devenu président de la République le 14 mai 2011. C’est d’ailleurs une obligation faite par la Constitution de 1987 qui stipule que « l’Etat garantit le droit à l’éducation »

Dans le cadre de ce programme d’éducation gratuite dénommé PSUGO, le gouvernement s’est engagé à allouer des subventions pour assurer le fonctionnement des écoles publiques et privées (achat de matériel scolaire, formations et salaires des professeurs, cantine…). La réalité est plus nuancée : beaucoup estiment la somme bien insuffisante, d’autres déplorent les retards de versements ou attendent encore. Certaines écoles reçoivent l’aide du Programme national de cantine scolaire, d’autres en reçoivent de la part d’ONG (organisations non gouvernementales), beaucoup se débrouillent comme elles peuvent…

L’école, un enjeu pourtant essentiel !

Le manque de ressources, tant au niveau de la population qu’au niveau de l’État, mêlé à une instabilité sociopolitique est l’un des principaux facteurs qui affectent le système éducatif haïtien, qu’il a fallu reconstruire ! Le séisme du 12 janvier 2010 qui a frappé l’Ouest et le sud-est d’Haïti a eu un impact dévastateur dans le secteur éducatif : 5 000 écoles détruites ou très endommagées, plus de 500 000 enfants qui ont dû interrompre leurs apprentissages et des milliers d’enseignants qui se sont retrouvés sans emploi. La pauvreté et la marginalisation font qu’un grand nombre d’enfants et d’adolescents haïtiens ne peuvent jouir de leur droit à l’éducation. Les enfants qui vivent en milieu rural sont les plus touchés.

Et pourtant, l’accès à l’éducation est un droit fondamental pour tous les enfants. C’est l’école qui, en situation de crise chronique, peut aider à vivre, protège les enfants de l’exploitation ou de la maltraitance, apporte stabilité et espoir en l’avenir, permet d’acquérir des compétences…

Notez que, via Timoun d’Haïti et son initiative « bourses pour le collège », vous pouvez encourager un élève à poursuivre sa scolarité au-dela du cycle fondamental : en savoir plus.

Principales sources :
Le système scolaire haïtien en situation post-crise
http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2013/03/18/cercle_67914.htm
Le programme gouvernemental « école gratuite », une victoire ?
http://www.alterpresse.org/spip.php?article14095#.U9pXfEjm7f1
http://www.alterpresse.org/spip.php?article16732#.U8d5AeBG-k4.email
Lire aussi un guide très intéressant édité en 2013 :
http://www.collectif-haiti.fr/data/file/Newsletter/GuideEducationWEB.pdf

Publié dans Bourses pour le collège, Vie de l'association